Par Mehdi CHEBANA

La Roumanie est l’un des pays de l’Union européenne où l’on se marie le plus
Publié le 15 juillet 2012 dans Regard
Plus de 85% des Roumains sont de confession orthodoxe et la plupart d’entre eux n’imaginent pas le mariage sans passer par l’église. Même aux heures les plus sombres du régime communisme, ils bravaient l’interdit pour pouvoir se dire « oui » devant un prêtre. La cérémonie du mariage, qui marque la reconnaissance par l’Église de l’unité du couple, se fait en deux temps : d’abord l’office des fiançailles au cours duquel le prêtre bénit les anneaux que s’échange le couple, puis l’office du couronnement dans lequel la tête des époux est couronnée par le prêtre.
Si les Roumains sont très attachés aux noces religieuses et aux traditions qui les entourent, la situation se complique quand l’un des futurs mariés n’est pas orthodoxe. L’Eglise rejetant toute union avec une personne d’une autre confession religieuse, le nombre de mariages mixtes reste très limité dans le pays. Alors, pour les futurs époux qui ne partagent pas la même religion, une seule alternative : la conversion de celui des deux qui n’est pas orthodoxe ou le seul passage devant le maire au risque de se fâcher avec la belle-famille. Au regard de la loi roumaine, seul le passage en mairie est obligatoire pour se marier.
L’institution préférée des Roumains
Bien avant la justice, le système bancaire ou le gouvernement, le mariage est l’institution en laquelle les Roumains ont le plus confiance. Ils seraient 81% à le placer en tête de leurs préférences juste devant l’église et les organisations écologistes, selon une étude réalisée fin 2010 dans 16 pays européens et publiée dans la revue Reader’s Digest. La Roumanie serait ainsi le pays européen où l’on croit le plus dans l’acte de « se jurer fidélité et assistance jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Alors romantiques, ces Roumains ? Une autre étude réalisée en 2011 et intitulée « European Social Survey » montre en tout cas qu’ils conditionnent le bonheur à une relation stable. Ainsi, à la question « Une relation stable est-elle importante pour être heureux ? », 90% d’entre eux répondent de façon affirmative, contre 20% des Hollandais.
Des champions du mariage en perte de vitesse…
Pas étonnant dès lors que la Roumanie soit l’un des pays de l’Union européenne où l’on se marie le plus. Avec 5,4 mariages pour 1000 habitants, elle figure au 7e rang d’un classement européen dominé par Chypre (7,9) et où la France (3,9), l’Espagne (3,6) où encore l’Italie (3,6) comptent parmi les plus mauvais élèves, selon une étude de l’Institut européen de statistiques Eurostat publiée en 2011. Toutefois, en valeur absolue, on note ces dernières années un recul important et régulier du nombre de mariages dans le pays. Ainsi en 2011, seuls 105 000 mariages ont été enregistrés contre près de 116 000 en 2010, 134 000 en 2009, 149 000 en 2008 et 189 000 en 2007, selon l’Institut national des statistiques (INS). D’après les spécialistes, la crise économique, l’érosion de la démographie et une certaine évolution des mœurs expliquent cette chute de 45% du nombre de mariages en seulement quatre ans.
… mais qui divorcent toujours très peu
Comme la feuille de chêne, qui est l’un des symboles les plus anciens de la Roumanie, les mariages roumains semblent particulièrement résistants. Le taux de divorce du pays est seulement de 1,5 pour 1000 habitants, selon les résultats du recensement réalisé l’an dernier. Il n’a pas bougé depuis le dernier recensement de 2002 et reste l’un des plus faibles de l’Union européenne où seules l’Irlande (0,7), l’Italie (0,9), la Grèce (1,2) et la Slovénie (1,2) font mieux, selon Eurostat. Au total, 491 000 femmes et 378 000 hommes sont aujourd’hui divorcés dans le pays. Les trois quarts d’entre eux vivent en ville et leur âge moyen est de 45 ans, selon l’INS. La légère hausse du nombre de divorces en 2007 et 2008, autour de 35 000 par an, s’est enrayée à partir de 2009 pour redescendre à un peu plus de 32 000 divorces en 2010.
Le concubinage avant le « grand saut »
Vivre sous le même toit sans être mariés… La pratique était encore marginale en Roumanie il y a quelques décennies. Aujourd’hui, elle fait son chemin, notamment auprès des jeunes qui y voient souvent l’occasion de mieux se connaître avant de se marier. C’est lors du recensement de 2002 que le phénomène a pu être quantifié pour la première fois. A l’époque, plus de 800 000 Roumains, soit près de 4% de la population, vivaient en concubinage. Depuis, ce chiffre a probablement encore progressé, selon les sociologues. Parallèlement, le regard sur les concubins tend lui aussi à évoluer. Ainsi, selon l’enquête « European Social Survey », 60% des Roumains affirment en 2011 « ne pas avoir de problème avec eux » et un tiers pense même qu’il est préférable de vivre quelque temps sous le même toit avant de faire le « grand saut ». A ce jour, la loi roumaine ne reconnaît aucun droit particulier aux concubins, contrairement aux citoyens ayant choisi de se marier.
Un « oui » de plus en plus tardif
En Roumanie, l’âge légal pour se marier est de 18 ans pour les hommes et pour les femmes. Les mineurs de 16 et 17 ans qui souhaitent s’unir peuvent toutefois le faire sur la base d’un certificat médical et après accord des parents ou des tuteurs légaux. Mais comme la plupart des citoyens de l’Union européenne, les Roumains ont tendance à se marier de plus en plus tard, notamment en raison des difficultés économiques auxquelles ils sont confrontés au début de leur vie d’adulte (chômage, maigres salaires, difficultés liées au logement etc.). Alors qu’au lendemain de la révolution, leurs aînés se disaient « oui » vers 22 ans pour les femmes et 25 ans pour les hommes, aujourd’hui les Roumaines se marient en moyenne à 26 ans et les Roumains à 29 ans, selon l’INS. En France, la tendance est tout aussi marquée : en dix ans, l’âge moyen au premier mariage a progressé de deux ans pour atteindre aujourd’hui 30 ans pour les femmes et 32 ans pour les hommes, selon l’INSEE.
A événement important, budget conséquent
Le mariage reste donc l’un des moments les plus marquants de la vie des Roumains. Et à événement important budget conséquent… Selon une étude publiée par Western Union en juin 2011, les Roumains dépenseraient en moyenne 5000 euros pour leur fête de mariage comprenant la location d’une salle, le repas et la musique. C’est autant que les sommes engagées par les Français, les Allemands et les Polonais, selon Eurostat, et pourtant, en Roumanie, cela équivaut à 31 salaires minimum (158 euros en 2011). Selon les sociétés spécialisées dans l’organisation des fêtes de mariage, il faut ajouter à ce budget environ 2000 euros correspondant à l’achat des alliances, de la robe et du costume et des billets pour la lune de miel. De leur côté, les invités sont prêts à dépenser en moyenne 250 euros pour le cadeau et les frais d’habillement, selon l’étude précitée. Au total, l’an dernier, le business du mariage roumain promettait de rapporter l’équivalent de 660 millions d’euros.
Les homosexuels devront attendre…
En Roumanie, le premier mariage entre deux hommes a été célébré en février 2009 à Oradea (ouest du pays). Mais seulement pour le symbole… Car contrairement aux Pays-Bas, à la Belgique, à l’Espagne, à la Suède, au Portugal et au Danemark, ce pays à majorité orthodoxe ne reconnaît pas le mariage civil entre homosexuels. Il n’autorise pas non plus les unions civiles comme le font 11 de ses partenaires européens dont la France. Toutefois, il y a trois ans, le Parlement européen a obligé Bucarest à accorder les mêmes droits aux couples gays et lesbiens ayant officialisé leur relation à l’étranger qu’aux couples hétérosexuels roumains. La question n’en reste pas moins tabou au sein de la société et de la classe politique du pays. Un exemple frappant avec cette définition figurant dans le nouveau Code civil entré en vigueur l’an dernier : « le mariage est une union libre et consentie entre un homme et une femme ». Cette précision des genres, qui n’existait pas dans l’ancien texte qui datait de 1865, ferme clairement la porte à toute discussion sur l’éventuelle légalisation du mariage entre homosexuels
Oui! En Roumanie, le mariage est encore une union sacrée. On y respecte toujours les valeurs traditionnelles.
ou bien on fait cette fête pour gagner de l’argent…
le mariage a l’église orthodoxe avec une personne d’une autre religion comme catholique et tout a fait possible en Roumanie, ils suffit d’aller voir le Pope, tous ne sont pas pour mais rien ne l’interdit, et l’on en trouveras toujours un qui dira oui, et le mariage sera enregistrée sur les registre de l’église Orthodoxe comme un mariage entre orthodoxe.
Ma fille (non baptisée) envisage de se convertir et se marier avec son ami Roumain. A priori, il ne s’agirait que d’un mariage uniquement religieux à l’église orthodoxe. Cela se pratique t’il en Roumanie sans passer par la mairie?