Par Mehdi CHEBANA
La chasse aux chiens errants touche à sa fin dans la capitale roumaine. Selon la SPA locale, ils étaient 65 000 il y a deux ans, on n’en compte plus qu’un bon millier aujourd’hui. Quand j’ai découvert ce bilan, j’ai aussitôt pensé à Rex, le quadrupède qui occupait ma cage d’escalierjusqu’à mon départ de Roumanie. Fait-il parti des 30 000 chiens euthanasiés ou des 23 000 qui ont été adoptés ?

La mairie de Bucarest s’était donné 18 mois pour ramasser 80% des chiens errants et les tuer
Rex, c’était en quelque sorte mon voisin de pallier. Il dormait sur des cartons disposés pour lui sous les marches. Il buvait de l’eau et mangeait à sa faim tous les jours. Pour tuer le temps, il avait même cinq ou six copains avec lesquels il faisait la java dans le quartier, la nuit tombée. Mes voisines lui avaient donné un nom, prenaient soin de lui comme s’il était notre chien à tous. Comme beaucoup de ses congénères à Bucarest, il n’était plus tout à fait un vagabond.
C’est en septembre 2013 que mes voisines ont commencé à s’inquièter. Le parlement venait d’adopter une nouvelle loi autorisant l’euthanasie des chiens des rues. Il est vrai que lorsqu’ils sont en meute, ces derniers peuvent se montrer très dangereux, allant jusqu’à tuer des passants. Avec ce nouveau texte, les députés espéraient résoudre un problème qui s’était accentué dans les années 1980 lorsque le régime de Ceaușescu fit raser des quartiers entiers de maisons pour construire des barres d’immeubles.
Après la mort d’un enfant de quatre ans sauvagement attaqué à l’automne 2013, la mairie de Bucarest s’était donné 18 mois pour ramasser 80% des chiens errants et les tuer si aucun propriétaire ne se manifestait dans les deux semaines. Un objectif aujourd’hui atteint malgré les critiques des associations de défense des animaux.
Pour éviter à Rex de finir dans un camion de la SPA, mes voisines avaient trouvé une parade en lui mettant tout simplement un collier. J’espère que la ruse continue aujourd’hui de fonctionner..
Bonjour,
J’apprécie beaucoup votre blog et ses petits clins d’oeil à la vie quotidienne en Roumanie. Rex le chien communautaire fait définitivement partie de ce quotidien bucarestois tout comme ces voisines qui veillent sur lui et sur son confort. Par contre l’explication qui voudrait que le phénomène des chiens errants trouve sa source dans la destruction des quartiers de maisons individuelles semble assez largement légendaire. Paul Morand évoquait déjà ce problème dans son livre sobrement intulé » Bucarest » et publié en 1934..
bien à vous
VH
Bonjour Vincent et merci pour votre commentaire ! Je n’ai toujours pas réussi à mettre la main sur ce livre qu’on me recommande pourtant depuis une dizaine d’années. J’ai essayé puis j’ai été pris de paresse… Qu’il y ait eu des chiens errants à Bucarest dans l’Entre-Deux-Guerres me semble tout à fait plausible. Mais dans quelles proportions ? Le régime communiste n’a-t-il pas amplifié le phénomène avec sa politique de la ville au point que ce soit devenu un « problème » ? Si vous avez des chiffres ou des textes pour m’éclairer, je suis preneur !
Bonjour Mehdi, dans le livre « le gout de Bucarest », vous pouvez retrouver un des passages du livre de Paul Morand où il parle des chiens errants. Cordialement.
Les gens de mon immeuble font ça avec les chats!
Fidèle lecteur de votre blogue, je relis ce billet, après avoir lu le dernier sur les chats. J’ajouterais que le phénomène des chiens errants est encore plus ancien que Paul Morand. Des voyageurs du XIXe siècle s’en étonnent déjà. Je n’ai hélas pas gardé la référence. D’autre part, le féminin de « malin » est « maligne » et non « maline », comme le croient beaucoup de nos contemporains, cela a dû vous échapper…
Vous avez raison pour cet adjectif, Domnule Guy. Je vais corriger. Notez que pour de nombreux dictionnaires, la forme n’est pas vraiment considérée comme une « erreur ». En tout cas, le Littré dit que les Normands l’utilisent ainsi (ça tombe bien, je suis Normand !), tout comme La Fontaine en son temps. Mais bon, il serait bon de s’aligner apparemment. Merci pour votre message.
J’avais failli me faire attaquer par une meute il y a quelques années. Heureusement j’ai bien réagi et les chiens ne m’ont finalement pas attaqué. Ces chiffres ne m’étonnent pas car c’est vrai que maintenant on tombe beaucoup moins souvent sur des chiens errants je trouve.
pauvres bêtes