Roumanie : les mines de Roșia Montană sur le chemin de l’Unesco

9 Fév

Par Mehdi CHEBANA

Deux ans après la suspension d’un vaste projet minier controversé, les autorités roumaines entament les démarches pour inscrire Roșia Montană au patrimoine mondial de l’humanité. Une victoire pour les milliers de citoyens qui s’étaient mobilisés pour protéger ce coin de Transylvanie, et qui met en lumière l’évolution de l’exploitation minière depuis l’Antiquité.

Roșia Montană

Publié le 9 février 2016 dans Le Courrier des Balkans

Le ministère roumain de la Culture a inscrit Roșia Montană à l’inventaire des sites naturels et culturels les plus importants du pays, une étape obligée avant de proposer son inscription à l’Unesco, apprend-on dans un communiqué publié le 5 février.

« Nous avons informé le Centre du patrimoine mondial à Paris que cette région minière faisait désormais partie de notre liste indicative », précise le texte. « Elle est inscrite dans la catégorie “paysage culturel” qui vise à reconnaître des interactions positives et génératrices de valeurs entre l’homme et son milieu naturel. »

Nichée dans les Monts Apuseni, l’ancienne Alburnus Maior abrite sept kilomètres de galeries qui ont été creusées par les Romains et ont continué d’être utilisées au Moyen-Âge puis à l’époque moderne. Les archéologues y ont aussi découvert des outils, des puits, des restes de nécropoles et d’habitations remontant pour certains au IIe siècle.

À la surface, l’activité minière a façonné le paysage, comme en témoignent par exemple les 105 lacs artificiels qui ont permis son développement. Longtemps exploité par quelques familles et associations, le site a été nationalisé en 1948 par le régime communiste, ouvrant la voie à une exploitation à grande échelle qui a cessé en 2006.

Un site minier unique en Europe

« Ce site minier est spectaculaire, unique en Europe, il remplit cinq des critères de l’Unesco pour être inscrit dans la catégorie “paysage culturel” », a assuré samedi le ministre de la Culture, Vlad Alexandrescu, appelant au passage la société civile à proposer des projets pour assurer son développement de façon durable.

En 2013, des milliers de Roumains avaient manifesté contre la compagnie canadienne Gabriel Resources qui souhaitait depuis une dizaine d’années extraire, à grand renfort de cyanure, les 1 600 tonnes d’argent et les 300 tonnes d’or que recèle Roșia Montană. Les défenseurs du patrimoine et de l’environnement avaient alors mis en garde contre les risques de pollution et de destruction des galeries romaines et le gouvernement avait dû suspendre le projet.

Les associations se réjouissent aujourd’hui des démarches entamées par le ministère de la Culture qui avait déjà, en janvier dernier, déclaré le site « monument historique d’intérêt national », mettant fin à toute possibilité d’exploitation. « C’est non seulement une immense victoire pour le patrimoine culturel, mais aussi pour la société civile et les milliers d’hommes qui sont descendus dans la rue pour sauver Roșia Montană », a réagi l’ONG Alburnus Maior dans un communiqué.

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