Architecture : Bucarest dépareillée

13 Avr

Texte et photos : Mehdi CHEBANA

Bucarest n’est pas connue pour son homogénéité architecturale. Il y a un peu de tout, bien que la « marque » communiste continue de s’imposer. En quelques photographies, voici un petit aperçu des bâtiments les plus emblématiques de la capitale roumaine.

L’hôtel Ambasador

Publié le 15 juillet 2013 dans Regard

Au cœur de Bucarest, le boulevard Magheru est bordé par de nombreux édifices qui, comme ici l’hôtel Ambasador, ont été construits entre les années 1920 et 1940. C’est donc un musée à ciel ouvert pour tous les amateurs d’un style architectural relativement imposant, avec des lignes géométriques fortes et une rigueur dans la symétrie. Il est aussi raffiné dans le dessin des balcons et des escaliers et souvent même fantaisiste dans l’utilisation de formes arrondies. A ne pas confondre donc avec la banalité stylistique des barres d’immeubles construites sous le communisme…

Le monastère Stavropoleos

Avec ses ouvertures aux voutes arrondies et ses motifs géométriques caractéristiques, le style « brâncovenesc », fait le charme des nombreuses villas et églises de la capitale roumaine, dont celui de l’église Stravopoleos ici à l’image. Mais s’il tient son nom de Constantin Brâncoveanu qui régna sur la Valachie à la charnière entre les XVIIe et XVIIIe siècles, le style a beaucoup été repris par la suite en Roumanie. Et il n’est pas rare de tomber aujourd’hui sur de pâles copies…

Un bloc bucarestois à la façade délavée

Ils sont hideux, ternes et vieillissants. Et pourtant, les « blocuri », ces barres d’immeubles construites pendant le communisme, sont incontournables à Bucarest. On en compte environ 9000 dans la capitale, soit environ 700 000 appartements. Leur style architectural est peut-être même celui le plus répandu dans la ville. Erigés à partir des années 1960 dans le cadre de vastes programmes immobiliers aux visées plus fonctionnelles qu’esthétiques, ils sont toutefois réputés pour leur solidité et leur résistance au temps qui passe. A fortiori, ceux construits après le tremblement de terre de 1977.

La Masion de la presse libre

En matière de gigantisme architectural, il n’y a pas que le Palais du Parlement à Bucarest. Il y a aussi la Maison de la Presse libre. Construite en seulement cinq ans (1952-1957) à l’époque du stalinien Gheorghe Gheorghiu-Dej, sa structure parasismique en forme de U est la copie, en dimensions réduites, de l’Université d’Etat « Lomonosov » à Moscou. Un volume de 735 000 m3, une hauteur de 91,6 m (sans l’antenne) et à l’intérieur des couloirs interminables… Elle abritait la presse étatique sous le communisme, dont le quotidien Scânteia qui lui donna son nom pendant plusieurs décennies. Après la révolution, ce sont les médias démocratiques qui ont pris possession des lieux.

Le lac Văcărești

Ces dernières années, des dizaines de gratte-ciel sont sortis de terre dans des quartiers périphériques de la capitale comme Băneasa, Colentina ou Berceni. Là-bas, il y avait de la place et le prix des terrains restait bon marché. La plupart de ces buildings sont de grands complexes résidentiels offrant des appartements neufs, spacieux, lumineux mais onéreux. Ou comment accéder à la modernité en prenant de la hauteur…

La cathédrale Sfantul Iosif

Une tour de 19 étages et 4 sous-sols édifiée aux abords de la cathédrale catholique Saint-Joseph. L’affaire avait fait grand bruit au moment de la construction il y a 7 ans. Non seulement pour des raisons esthétiques mais surtout parce que les fondations de la cathédrale ont été fragilisées. Aujourd’hui, c’est un symbole parmi d’autres d’une capitale européenne où le patrimoine historique et culturel pèse assez peu face à certains projets immobiliers. A Bucarest, plusieurs associations luttent contre ces dérives. Parmi elles, Salvaţi Bucureştiul ou encore l’association Rhabillage qui présentera en septembre, à l’Institut français, un guide de réhabilitation des vieilles maisons bucarestoises.

Un édifice menacé par les séisme

Dans le vieux Bucarest, une grosse pastille rouge fixée sur une façade abimée par le temps. C’est le signe de la vulnérabilité du bâtiment face aux tremblements de terre importants. Au total, quelque 2500 maisons et immeubles bucarestois présentent eux aussi un risque sismique élevé et plus de 300 d’entre eux s’écrouleraient en cas de très fortes secousses. En 1977, une trentaine d’édifices s’étaient déjà effondrés et 1391 personnes avaient péri dans un violent tremblement de terre. Depuis la tragédie, les nouvelles construction répondent à des normes parasismiques très strictes.

L’Athénée roumain

Dans l’entre-deux-guerres. Bucarest était baptisée le « petit Paris ». Et ce n’est pas un hasard. A partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, les autorités roumaines ont fait appel à de nombreux architectes français, diplômés des Beaux Arts, pour édifier quelques uns des bâtiments les plus réussis de la capitale. Parmi eux, la Caisse des dépôts, la Banque nationale, l’Athénée roumain (ici à l’image), le Palais de Justice de Bucarest, la Fondation universitaire Carol I, le Palais Știrbei ou encore le Palais Nifon, situé au croisement de Calea Victoriei et de Strada Paris, qui fut bâti par Paul Gotteraux. Parallèlement à la diffusion de la langue de Molière, le néoclassicisme français était devenu une mode.

Le quartier Unirea

Le quartier Unirii est sorti de terre avec le projet pharaonique de la maison du peuple. Pour le construire, un cinquième de la ville a été rasé et 57 000 familles ont été déracinées. L’ensemble Mihai Voda, l’institut médico-légal Mina Minovici, les Archives nationales ainsi que plusieurs églises ont été tout simplement démolis. Aujourd’hui, Unirii est surtout un quartier résidentiel qui abrite aussi diverses institutions, mais peine à trouver son charme.

Le Palais du Parlement

 

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4 Réponses vers “Architecture : Bucarest dépareillée”

  1. l.Ancquetil 23 septembre 2013 à 08:24 #

    Moi qui m’intéresse beaucoup à ce pays , je trouve ce documentaire très instructif , merci .Laurence

  2. Michel Seiller (Vitrinart) 23 septembre 2013 à 10:36 #

    Souvenirs ,souvenirs de 1993 🙂
    Un fabuleux pays et des gens très accueillants

  3. Enna 17 octobre 2013 à 12:37 #

    Bonjour,

    Merci pour cet article.
    C’est également ce qui m’a surprise la première fois que j’ai mis les pieds en Roumanie.
    J’y vis à présent depuis près de 6 ans.
    Ce pays, nous n’en connaissions que les mauvais côtés diffusés par le médias. J’ai totalement changé mon opinion à son sujet et j’aime énormément la Roumanie.

    J’ai mis 2 ans à m’habituer au regard insistants des roumains (je suis d’origine africaine – et ça ne court pas les rues) mais une fois qu’on les connait et la barrière de la langue passée, ils sont plus qu’accueillants et ouverts.

    Bonne journée

  4. Greg 10 juin 2016 à 05:13 #

    La ville c’est enlaidie les 25 dernières années

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