Tag Archives: Nicolae Ceauşescu

Roumanie : craintes et plaisirs quotidiens des époux Ceauşescu

12 Avr

Traduit par Mehdi CHEBANA

On connait la mégalomanie et l’ambition pharaonique du couple qui a dirigé la Roumanie d’une main de fer entre 1965 et 1989, mais beaucoup moins le détail de leur intimité, d’une vie quotidienne marquée par la peur constante de l’empoisonnement et rythmée parfois par des passions d’une « simplicité ostentatoire ».

Nicolae Ceauşescu

Publié le 10 mars 2015 dans Evenimentul zilei

Aussitôt après la révolution de décembre 1989, l’une des première rumeurs qui a couru sur « le plus aimé des Roumains », c’est qu’il aurait eu l’habitude de se faire faire des transfusions avec du sang de bébé. Une histoire totalement fausse qui a pris de grandes proportions et qui visait à rendre l’image de Nicolae Ceauşescu la plus hideuse possible. Comme si la réalité du pays, pendant les dernières années de son mandat, ne suffisait pas à elle-même. Lui et sa femme avaient toutefois de nombreux caprices.

« Ces caprices s’expliquent d’abord par le contexte tourmenté de la Guerre Froide », analyse le sociologue Paul Dumitrache. « Cela n’étonnera personne de savoir qu’ils se montraient par exemple très méfiants et attentifs en matière de repas. On dit qu’ils n’utilisaient jamais deux fois les mêmes couverts de peur d’êtres empoisonnés. Lui, craignait surtout d’être exposé à des matières radioactives. » Lire la suite

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Couvre-chefs et chefs d’État en Roumanie : quand le pouvoir lance les modes vestimentaires

15 Jan

Traduit par Mehdi CHEBANA

De Michel le Brave à Traian Băsescu, les dirigeants roumains ont toujours eu une affection particulière pour les chapeaux et autres bonnets. Sensibles aux tissus et aux matériaux en vogue à l’étranger, certains ont même lancé de véritables modes vestimentaires en Roumanie. À de nombreux égards, cette tradition est pourtant bien plus politique qu’esthétique…

La cuşma de Michel le Brave

Publié le 9 octobre 2008 dans Cotidianul

Pour le critique de mode Ovidiu Bratu et l’anthropologue Alec Bălăşescu, l’analyse des vêtements d’une époque donnée est révélatrice des changements économiques et culturels d’un pays, de ses aspirations et de ses sources d’imagination aussi. Autrement dit, l’Histoire s’inscrit toujours dans du visuel.

« Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les grands seigneurs et dignitaires des provinces roumaines qui n’étaient pas encore unifiées ont été influencés par la mode ottomane », explique Alec Bălăşescu. « Ils portaient des barbes immenses, des turbans turcs mais aussi des bonnets aux accents byzantins, des fourrures et des tuniques [caftans] rappelant la mode musulmane. » Lire la suite

La Roumanie en photos : la route Transfăgărăşan

1 Juil

Par Mehdi CHEBANA

Avec ses panoramas à couper le souffle, sa nature sauvage et ses ravissants lacets, le Transfăgărăşan est l’une des plus belles routes de Roumanie. Elle a été construite à des fins militaires au début des année 1970 mais ce sont aujourd’hui les touristes qui l’envahissent chaque été.

(©Roumanophilie/Mehdi Chebana)

Publié le 1er juillet 2010 sur Roumanophilie

Le Transfăgărăşan fend les monts Făgărăş sur une centaine de kilomètres, entre la Munténie au sud et la Transylvanie au nord. Il existe d’autres voies pour rallier les deux régions. Mais aucune n’est aussi enivrante. A plus de 1600 mètres d’altitude, au beau milieu de cette carte postale mêlant forêts de pins et vastes plans d’eau, il n’est pas rare de tomber sur des ours ou des lynx. On découvre aussi quelques trésors comme les ruines du château de Poenari, qui fut la résidence secondaire de Vlad Țepeș, le barrage et le lac Vidraru, l’un des lacs artificiels les plus grands d’Europe (893 hectares) ou le lac glaciaire Bâlea

Ce qui impressionne surtout, c’est le savoir-faire des milliers d’ingénieurs, de soldats et d’ouvriers qui ont été mobilisés entre 1970 et 1974 pour dessiner ce trait de bitume qui fuit la monotonie. A l’époque, Nicolae Ceaușescu craignait une invasion soviétique et souhaitait une connexion directe entre ses garnisons de Munténie et de Transylvanie. La tâche fut titanesque. Il a fallu acheminer 3500 tonnes de ciment ou encore 20 tonnes de dynamites. Des quantités étourdissantes pour ériger une trentaine de ponts et de viaducs et creuser dans la roche un tunnel de 887 mètres. Selon le bilan officiel, 40 personnes sont mortes sur ce chantier mais des témoins parlent de centaines de victimes. Lire la suite

La ville natale de Ceauşescu veut une statue à sa gloire

17 Nov

Par Mehdi CHEBANA

Les autorités de Scorniceşti viennent de donner leur feu vert à l’érection d’un imposant buste en marbre à la gloire de Nicolae Ceauşescu. Dans la petite ville qui vit naître le dictateur roumain, l’heure reste à l’admiration et à la nostalgie pour celui qui a conduit le pays d’une main de fer pendant 24 ans. Le Courrier des Balkans a pu rencontrer le neveu de Ceauşescu, à l’origine du projet.

Nicolae et Elena Ceauşescu en visite à Scorniceşti (© Scânteia)

Publié le 17 novembre 2009 dans Le Courrier des Balkans

L’Europe a beau célébrer en grande pompe le 20e anniversaire de la chute du communisme, Scorniceşti ne sera pas de la partie. Ce gros bourg à l’économie exsangue, situé à 150 km à l’ouest de Bucarest, continue de vouer un culte largement partagé à Nicolae Ceauşescu, son « enfant chéri ».

Et pour entretenir ce culte, le conseil municipal a donné son feu vert, à la fin du mois d’octobre, pour l’érection d’un imposant buste en marbre à la gloire de l’ancien dictateur. Sculpté par un artiste roumain qui a longtemps vécu en France, le monument atteindra plus de trois mètres de haut (socle compris) et trônera en plein centre-ville. Il pourrait être inauguré le 26 janvier prochain, à l’occasion du 92e anniversaire de la naissance de Ceauşescu. Lire la suite

Littérature : la Roumanie s’approprie le Prix Nobel de Herta Müller

10 Oct

Par Mehdi CHEBANA

Une romancière née en Roumanie qui reçoit le Nobel de littérature. Aucun libraire à Bucarest n’avait vu le coup venir. Et pour cause, Herta Müller, l’enfant du Banat exilée en Allemagne, faisait figure d’outsider face à des monstres de la littérature mondiale comme Mario Vargas Llosa ou Philip Roth. Vendredi matin, la presse roumaine érigeait déjà l’écrivaine, de langue et de nationalité allemandes, en icône de la réussite « à la roumaine ».

Herta Müller

Publié le 10 octobre 2009 dans Le Courrier des Balkans

« Depuis l’annonce des résultats, nous devons faire face à une avalanche de clients », témoigne Geta Vodislav, directrice commerciale de la librairie Mihai-Eminescu, l’une des plus populaires de la capitale. « Le problème, c’est qu’on ne s’y attendait pas du tout ! Nous n’avons aucun roman de Herta Müller en stock depuis deux ans. Heureusement, dans ce genre de cas, les maisons d’éditions réagissent au quart de tour. Herta Müller n’est pas très connue en Roumanie mais elle va devenir un objet de curiosité et une source de fierté nationale. Il faut faire vite ! »

Vendredi matin, la presse roumaine érigeait déjà l’écrivaine, de langue et de nationalité allemandes, en icône de la réussite « à la roumaine ». « L’Allemagne nous a offert un roi, Carol Ier, nous lui avons envoyé une reine, Herta Müller », titrait crânement en une le quotidien Adevărul. Lire la suite

19 années de transition politique en Roumanie : de l’engouement démocratique à l’abstention chronique

27 Nov

Traduit par Mehdi CHEBANA

Quel bilan tirer de dix-neuf années de « transition démocratique » en Roumanie, à la veille des élections législatives du 30 novembre ? Sur les quelque 250 partis qui ont vu le jour en 1990, il n’en existe plus que 45, dont six seulement sont représentés au Parlement. Le système de vote uninominal adopté cette année pourrait accélérer la restructuration de la scène politique roumaine : le Parti de la Grande Roumanie (PRM) et l’Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR) risquent de disparaître du Parlement. Rappel historique et analyse.

Ion Iliescu aux côtés de Nicolae Ceauşescu

Publié le 17 octobre 2008 dans România liberă

La nature aidant, la plupart des hommes politiques issus des structures de l’ancienne nomenklatura ont aujourd’hui disparu, à l’exception notoire d’Ion Iliescu qui fut ministre de la Jeunesse sous le régime communiste et membre du Comité central du Parti communiste. Ceci étant, un certain nombre d’anciens collaborateurs ou de professionnels de laSecuritate [police secrète roumaine sous l’ère communiste] ont survécu et restent actifs dans tous les parti politiques.

De ce point de vue, ce sont les partis historiques qui ont été les plus vulnérables, dans la mesure où ils ont « ressuscité » après la libération d’anciens détenus politiques qui avaient, pour beaucoup, été obligés de signer leur adhésion à la Securitate dans les années 1950 ou 1960 pour être libérés de prison. Au départ, ce sont les hommes politiques de droite qui ont été poursuivis en justice. Les membres du Parti social-démocrate (PSD) qui avaient collaboré avec la Securitate n’ont été démasqués que ces dernières années, grâce à la décision de Traian Băsescu de transférer les anciennes archives de la Securitate sous la compétence du Conseil national pour l’Étude des archives de la Securitate (CNSAS). Lire la suite