Iași, une grande ville, le stress et le vacarme en moins

28 Mar

Texte et photos : Mehdi CHEBANA

Iași est, selon une étude récente, la grande ville la plus calme de Roumanie. Petit tour de ses quartiers où l’on prend son temps, à l’abri du vacarme.

(©Roumanophilie/Mehdi Chebana)

Publié le 15 mars 2013 dans Regard

Un lundi midi à Moară de Vânt, un quartier à flanc de colline dans le nord de la cité moldave. Le bourdon de l’église « Petru et Pavel » interrompt le concert que poules et coqs donnent depuis l’aube dans les cours des maisons rustiques. Puis une vieille Dacia s’aventure dans les allées caillouteuses, permettant aux chiens de garde de prolonger l’entracte. « Ici, c’est un peu la campagne », résume un vieillard devant son portail. « On est rarement embêtés par le bruit et pourtant le centre-ville est à deux pas ». A deux pas ou plus exactement, à 700 mètres à vol d’oiseau…

Avec seulement 16% de sa population exposée de façon excessive à la pollution sonore, Iași est de loin la métropole la plus calme de Roumanie, selon une étude publiée en 2011 par la société Enviro Consult. A titre de comparaison, 85% des habitants de Bucarest supportent des seuils supérieurs aux 55 décibels admis par la législation en vigueur. A Constanța, ils sont 76%, à Cluj, 64%, à Brașov et Poiești, 61% et à Timișoara, 49%.

« Bien sûr, nos administrés ne sont pas complètement épargnés par le bruit », tempère Gabriela Chirica, en charge des questions environnementales à la mairie de Iași. « L’intensité sonore dépasse par endroits les 80 décibels en pleine journée », précise-t-elle. Il suffit d’arpenter les grandes avenues de la cité moldave, de longer ses voies ferrées ou de s’aventurer dans la zone industrielle pour s’en convaincre.

Mais les vastes oasis ne sont jamais très loin. Elles sont devenues emblématiques du rythme et de la qualité de vie des habitants de Iași. A l’instar du quartier Copou qui est le plus calme de la ville, d’après la carte de la pollution phonique établie par la mairie en 2007, conformément à la réglementation européenne. Peu de voitures, des arbres séculaires et le chant des oiseaux en fond sonore… « C’est l’endroit rêvé pour flâner en amoureux », confirme un couple d’étudiants, dans une ruelle bordée de vieilles habitations aux façades ciselées. Copou abrite notamment un jardin botanique de presque 100 hectares, l’un des plus grands du monde, où les familles sont nombreuses à venir se détendre le weekend ou après une journée de travail.

Quand le piéton devient roi

Grâce aux fonds européens, la municipalité supervise aussi plusieurs projets contribuant indirectement à limiter le vacarme urbain. « Pour être honnête, ce n’est pas une priorité, concède Gabriela Chirica. mais la lutte contre la pollution sonore est désormais un paramètre que nous prenons en compte. » Un système permettant d’atténuer le crissement des rames a par exemple été imaginé dans le cadre de la modernisation du réseau de tramways lancée il y a plusieurs années. Sur un total de 83 kilomètres de rails, la moitié bénéficie déjà de ce système et la mairie a annoncé, en janvier, avoir obtenu 20 millions d’euros supplémentaires pour réhabiliter 10 autres kilomètres.

La piétonnisation du cœur historique répond à la même logique. Amorcée l’an dernier pour mettre en valeur plusieurs bijoux du patrimoine local, elle ouvre de nouvelles perspectives pour les promeneurs en quête de tranquillité. La moitié du boulevard Ștefan cel Mare a ainsi été interdite définitivement à la circulation et recouverte de pavés en granit qui redonnent tout son charme à cette artère mythique de la ville. L’autre moitié subira le même sort à partir de cet été.

« Ça devient l’enfer pour les automobilistes », rouspète toutefois Silvia, 28 ans, au volant de sa citadine. « On est obligés de faire de grands détours et on perd un temps incroyable ! » Aux heures de pointe, d’énormes bouchons se forment en effet sur les itinéraires alternatifs proposés par la mairie. Ils s’ajoutent à ceux engendrés par plusieurs chantiers de voirie ouverts aux quatre coins de la ville.

Dans ce contexte, les nerfs des chauffeurs sont mis à rude épreuve. Les oreilles des piétons aussi « La gène est provisoire », assure Gabriela Chirica. Dans quelques mois, la conseillère municipale devra proposer une nouvelle carte de la pollution sonore à Iași, comme la loi l’exige désormais pour les villes de plus de 100 000 habitants. « Je vais repousser au maximum l’échéance et attendre que la plupart de ces travaux soient finis, confesse-t-elle, sinon les résultats seront faussés ».

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