La Moldavie s’enfonce dans la crise politique, et alors ?

29 Nov

Par Mehdi CHEBANA

La Moldavie, un laboratoire pour comprendre les relations Est-Ouest aujourd’hui

POINT DE VUE. En Moldavie, après dépouillement de plus de 95% des bulletins de vote, le Parti des communistes (PCRM) arrive largement en tête du scrutin législatif de dimanche avec 40,5% des voix. Suivent le Parti libéral démocrate (PLDM, 28,7%), le Parti démocrate (PDM, 12,9%) et le Parti libéral (PL, 9,3%), seuls à franchir le seuil requis de 4% pour entrer au Parlement.

Les communistes ne décrocheraient pourtant que 44 sièges contre 57 aux partis formant actuellement l’Alliance pour l’intégration européenne (AIE) qui ne disposent pas d’une majorité suffisante pour élire à eux seuls un président pour le pays. Conclusion : la Moldavie s’enfonce un peu plus dans la crise politique après les quatre scrutins infructueux qui avaient déjà été organisés en moins de 18 mois.

L’AIE résistera-t-elle à ce nouveau revers ? Les communistes parviendront-ils à débaucher les élus du Parti démocrate qui se sont déclarés « ouverts » à toute alliance ? Qu’est-ce qui attend les Moldaves ces quatre prochaines années ? L’annonce des résultats définitifs – qui devrait avoir lieu mardi – ouvrira la voie à d’intenses tractations.

La bonne surprise est venue dimanche de la participation relativement forte, autour de 60%, qui fait oublier l’échec du référendum constitutionnel de septembre dernier où une très forte abstention, frôlant les 70%, avait invalidé le scrutin. Las des élections à répétition, les Moldaves ont donc montré qu’ils savaient malgré tout se mobiliser et qu’ils aspiraient à une sortie de crise rapide. Plus de 65.000 d’entre eux ont notamment voté à l’étranger alors qu’un nombre record de bureaux de vote, 75, avait été ouverts pour l’occasion.

Désintérêt médiatique

Sur le plan médiatique, ces législatives moldaves n’ont pas fait le poids face aux autres rendez-vous électoraux organisés le même jour en Egypte, en Côte d’Ivoire, en Haîti ou encore en Suisse. Quelques dépêches des agences France Presse et Reuters, trois correspondants français sur place, un minimum médiatique. Pourtant, le pays le plus pauvre d’Europe  mérite intérêt.

Tout d’abord, dans une pure logique de proximité géographique et culturelle, la Moldavie est latine, membre à part entière de la Francophonie et future candidate à l’intégration à l’Union européenne (UE) dont elle un voisin direct. 

Ensuite parce qu’elle abrite, à deux heures de la frontière de l’UE, une région séparatiste – la Transnistrie – qui constitue une impressionnante zone de non droit où ont cours tout un tas de trafics d’êtres humains, d’armes, de cigarettes ou d’uranium. Un problème auquel l’Allemagne a décidé de s’attaquer sérieusement depuis cette année en soutenant la relance du procesus des négociations mais dont on entend peu parler en France.

Tiraillée entre l’UE et la Russie dont elle dépend cruellement sur les plans énergétique et économique, l’ancienne république soviétique et cave à vins de l’URSS apparait également comme un laboratoire incontournable pour comprendre les relations Est-Ouest aujourd’hui.

Autre enjeu majeur de ce petit pays de 4,3 millions d’habitants : l’émigration massive vers l’Union européenne,  l’Italie et l’Espagne en tête, la France et l’Allemagne dans une moindre mesure. Alors qu’un tiers du PIB du pays provient déjà des tranferts d’argent des Moldaves de l’étranger, la tendance pourrait s’accélérer ces prochaines années. La Commission européenne élabore actuellement une feuille de route qui permettra très prochainement aux Moldaves de circuler sans visas au sein de l’UE.

Une petite révolution pour ceux qui devaient jusqu »ici venir à bout d’un pesant parcours du combattant en vue d’obtenir un visa. Parallèlement,  des dizaines de milliers de Moldaves ont récemment obtenu la citoyenneté roumaine – et donc européenne – grâce à une loi roumaine permettant à ceux dont les grands-parents étaient roumains avant l’annexion de leur région à l’Union soviétique de « redevenir » roumains. Environ 800.000 dossiers sont actuellemnt en cours de traitement et le président roumain Traian Basescu promet d’accélérer le processus d’ici la fin de l’année.

En tant que lecteurs de presse, ces problématiques vous semblent-elles toujours aussi lointaines ?

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7 Réponses vers “La Moldavie s’enfonce dans la crise politique, et alors ?”

  1. Rinso 29 novembre 2010 à 12:43 #

    Mais pourquoi ils ne s’allient pas les autres partis ???

  2. Mehdi Chebana 29 novembre 2010 à 13:51 #

    Les communistes ont été hégémoniques ces dix dernières années et l’Alliance pour l’intégration européenne s’est construite en opposition frontale face à eux. A part avec le Parti démocrate, aucune alliance sérieuse n’est envisageable. Et encore, Marian Lupu, le chef de fil de ce parti, est considéré comme un traite, l’ennemi juré par le PC qu’il a quitté en 2009.

  3. Rinso 29 novembre 2010 à 14:54 #

    Alors je ne vois pas quelle issue il pourrait y avoir à ce problème…

  4. Mehdi Chebana 29 novembre 2010 à 15:49 #

    Un gouvernement d’union nationale ?

  5. Rinso 29 novembre 2010 à 16:03 #

    C’est possible tu crois ? y’a des volontés qui vont dans ce sens ?

  6. Danut 1 décembre 2010 à 07:11 #

    … »alors », tout le monde s’en fout !

  7. Roland 18 février 2011 à 05:09 #

    La solution est: comme en France, élection du président par le peuple. Scrutin majoritaire à deux tours.

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